En 2002, Interpeace a réuni une équipe multiethnique d'experts locaux pour soutenir le processus de paix et de réconciliation en Macédoine après le conflit.
L'équipe a pris le mot macédonien pour chanter, PEV, comme base de son nom, le Projet pour une vision commune. Elle était fermement convaincue que « le moment était venu pour tout le monde non seulement de se parler mais de recommencer à chanter ensemble ».
Le PEV a créé une opportunité pour les citoyens de différentes origines ethniques et affiliations politiques pour faire entendre leur voix dans un environnement neutre et sûret pour des solutions aux profondes divisions causées à la fois par le conflit et par des problèmes jusque-là non résolus.
Le travail d'Interpeace est intervenu à un moment de mécontentement public renouvelé. La décentralisation du processus décisionnel de l'État et les projets visant à redessiner les frontières municipales dans certaines zones ont été d'importantes sources de division entre les Macédoniens et les Albanais de souche ainsi qu'entre les partis politiques.
Le PEV a largement consulté tous les secteurs de la société, écoutant et rassemblant des groupes auparavant isolés ou opposés, ainsi que des membres de la diaspora albanaise de souche en Suisse, pour discuter des principaux sujets de préoccupation.
Le projet a établi une plateforme permettant aux personnes de tous bords de parler et de se rencontrer face à face. Cette approche les a aidés à mieux se comprendre et se faire confiance. Leur confiance dans leur capacité à exprimer leur vision et à influencer le processus politique s’est également accrue. Les résultats des recherches et des consultations du PEV ont montré qu'une grande majorité de la population souhaitait une société multiethnique stable et inclusive ainsi qu'un État permettant une coexistence pacifique. La plupart des gens considéraient les questions économiques et sociales comme les principaux défis du nouvel État, plutôt que la lutte contre les tensions ethniques. Selon les participants, la discrimination ethnique institutionnelle dans l'accès à l'emploi, à l'éducation et aux soins de santé était la véritable raison de la violence.
En septembre 2004, le projet arrivait au terme de son cycle de vie de deux ans et demi et, faute de soutien des donateurs, il a été décidé de ne pas le prolonger. La coopération entre les hommes politiques, les organisations sociales et le peuple reste un défi majeur pour l’établissement d’une société macédonienne véritablement pluraliste.